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Tout savoir sur les lunettes des politiques

De Charles de Gaulle, à Mitterand et ses lunettes qu’il n’avait de cesse d’enlever en passant par Alexandre Benalla, François Hollande et ses lunettes « made in Danemark » ou encore Nicolas Sarkozy et ses Aviator, voici de quoi y voir plus clair dans les choix de lunettes des politiques.

Le saviez-vous ? François Mitterand ne supportait pas de porter ses grosses lunettes de la Maison Bonnet. Il les enlevait constamment, les remettait et ainsi de suite. Il est finalement passé aux lentilles de contact notamment lors de ses passages dans des émissions télévisées pour éviter cette gêne et ce geste qu’il effectuait machinalement. Et il n’était pas le seul à ne pas supporter le port des lunettes ! En effet, Charles de Gaulle, premier président de la Cinquième République, très hypermétrope (trouble de la vue qui consiste en une bonne vision des objets éloignés et une mauvaise de ceux à proximité) refusait de porter ses lunettes même s’il n’y voyait que très peu clair. C’est d’ailleurs suite à une opération ratée de la cataracte que sa vue s’est dégradée.

Celui qui a aussi marqué les esprits avec ses problèmes de vue est connu pour ses frasques au pays de Dante. Ainsi, Silvio Berlusconi s’est déjà présenté au Sénat italien, après le vote pour l’élection du président de ce dernier, lunettes de soleil sur le nez. Entre rires et sourires des sénateurs, il a prétexté une conjonctivite qui l’obligeait à garder ses solaires. Les réactions des internautes italiens n’avaient pas été tendres et nombreux étaient ceux à pointer du doigt un manque de respect de sa part et une énième excuse pour faire parler de lui. On peut alors se demander si les lunettes sont un outil de communication politique… ou pas. Pour Nicolas Sarkozy, par exemple, ses communicants lui avaient conseillé de ranger ses lunettes de soleil Aviator de la marque Ray-Ban qu’il portait très souvent. Ce modèle qui peut paraître bling bling, surtout avec les verres miroir, n’était pas forcément vu d’un bon œil et renvoyait une image dont l’ex-président de la République pouvait bien se passer.

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La maison Bonnet et l’histoire des lunettes à 12 000 euros

Qui aurait cru qu’un simple choix de lunettes pourrait faire couler autant d’encre… On pense bien sûr à la journaliste Audrey Pulvar et ex-compagne d’Arnaud Montebourg, à l’époque ministre du Redressement productif et du numérique. Ses lunettes signées Maison Bonnet n’ont laissé personne indifférent puisque le magazine Technikart avait « révélé » que la paire de lunettes en écaille de tortue de la journaliste ne coûtait pas moins de 12 000 euros. La presse avait alors vivement critiqué cet achat, sans même demander à la principale intéressée ou à la marque elle-même le réel coût de cette monture. La paire de lunettes coûtait en réalité un peu plus de 3000 euros comme l’avait  finalement expliqué la journaliste. Elle avait raconté à nos confrères des Inrocks qu’au moment de s’offrir cette paire, elle se disait qu’elle se faisait « un superbe cadeau ». Puisque oui, il faut savoir que la Maison Bonnet, reconnue comme une référence à travers le monde en matière de « haute-lunetterie » comme le lunetier lui-même avait décrit sa marque, est spécialisée dans le travail de l’écaille de tortue* et est même l’une des rares à être autorisée à le faire avec Anne Dorillat. Il faut noter que ces lunettes  ont certes un coût élevé mais qu’elles sont réparables à l’infini et qu’il faut compter en moyenne 12 grammes d’écaille pour réaliser une monture, comme l’avait expliqué Franck Bonnet, représentant de la quatrième génération de lunetiers de la maison éponyme dans notre article sur la tendance « écailles ». Mais Audrey Pulvar n’est pas la seule à avoir porté les lunettes de ce célèbre lunetier. En effet, quand Jacques Chirac ne portait pas ses grosses lunettes Dior Vintage, il portait lui aussi un modèle de la Maison Bonnet. Cela dit, ses lunettes ont rapidement disparu de son nez. Quand certains se mettent à en porter par choix de communication, sans peut-être même avoir des troubles visuels, d’autres décident qu’ils peuvent s’en passer. En effet, l’ex-président de la République décédé en septembre 2019, avait cessé de porter ses lunettes en public pendant plus de 20 ans après le relooking de sa fille, Claude et son échec à la présidentielle de 1988. Pourtant, ses lunettes qui étaient, en quelque sorte, un gage de sérieux mais aussi un bel accessoire, étaient devenues un trait caractéristique de son look.

Le changement… de lunettes, c’est maintenant ?

Il y a un autre homme politique qui a lui aussi été président de la République et qu’on a toujours connu avec des lunettes. Il a marqué les esprits avec son changement et ce n’est autre que François Hollande. Certains médias sont même allés jusqu’à rédiger des papiers au sujet de son choix de nouvelles lunettes. Celui qui était adepte de la monture percée, invisible et donc sans contour qu’il portait d’ailleurs au début de son quinquennat, pour peut-être plus de transparence, l’avait finalement troquée pour une monture rectangulaire noire avec des branches en métal. Jusqu’ici tout va bien. Là où le bât blesse pour certains c’est que François Hollande n’a pas choisi un modèle made in France mais un modèle de la marque danoise Lindberg, lunetier officiel de la famille royale du Danemark. Ce changement de look a beaucoup fait parler, surtout chez les fabricants français qui se sont sentis offusqués d’avoir été snobés par l’ex-président. Les contours bien marqués de cette nouvelle monture lui donnaient d’ailleurs un air un peu plus sévère. Notons que François Hollande n’a pas été le seul à se tourner vers le made in Danemark puisque Lionel Jospin aussi arborait une monture de la même marque. Nous avons d’ailleurs constaté un autre changement de look plus récent. Il s’agit de Rachida Dati, candidate à la mairie de Paris qui a choisi de s’afficher dans les médias et sur les affiches de sa campagne avec une paire de lunettes noires carrées. L’association de son tailleur noir très sobre et de cette paire de lunettes lui donne un air plus strict, peut-être pour jouer sur l’équation lunettes égales gage de sérieux ou le cliché qui n’a pas fini d’être ancré dans nos imaginaires.

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Les lunettes comme stratégie de communication visuelle 

Eva Joly, qui avait mis en scène sa paire de lunettes rouges signées Pierre Eyewear, avait pour slogan de campagne en 2011 : « Plus clair. Plus juste. Plus loin ». Un clin d’œil à ce modèle, baptisé Emma, qui est devenu caractéristique du look de la député européenne. Il existe en différentes couleurs et Eva Joly n’hésite pas à en changer puisqu’elle déclarait aimer changer ses lunettes à des moments clé de sa vie. La député a fait d’un simple accessoire, un outil de communication efficace mais elle n’est pas la seule. Il y a une stratégie de communication qui n’a laissé personne indiffèrent et c’est celle d’Alexandre Benalla dans l’affaire qui porte son nom. Celui dont on avait l’image d’un dur en sweat à capuche qui tape sur des manifestants a tenté de se créer une image de « gendre idéal » avec le look taillé sur-mesure pour aller avec. Ainsi, l’ancien conseiller sécurité d’Emmanuel Macron est apparu changé lors d’une interview donnée à l’emblématique journal du 20h de TF1, au moment de la crise qui avait été déclenchée par les révélation d’images et de vidéos où on le voyait agir violemment. C’est tout bonnement qu’il est apparu sur nos écrans, chemise blanche, costume sobre, cravate avec, en clou du spectacle, des lunettes de vue sur le nez. Pourquoi ? Encore une fois parce que dans l’inconscient de beaucoup les lunettes de vue sont associées au sérieux et à un accessoire qui donne une image positive et soignée. L’ex-chargé de mission du gouvernement avait choisi une paire de lunettes avec des verres non cerclés et des branches fines pour peut-être dégager un soupçon de transparence et de finesse afin de contrebalancer avec l’image négative qu’il véhiculait… En somme, une stratégie de communication ficelée et calculée au millimètre près plutôt digne d’un homme politique que de celle d’un jeune chargé de mission mis en examen pour violences.

Écrit par Kahina Boudjidj