Zoom sur les opticiens engagés : Carole Riehl du site Les Lunettes Ecologiques
Où se tourner pour acheter des lunettes éco-responsables ? Entre le manque d’information et la multitude de marques, il est parfois difficile de s’y retrouver. Face à ce constat, Carole Riehl a créé Les lunettes écologiques et une appellation “Optic For Good” pour nous aider à trouver plus facilement une paire de lunettes en accord avec nos valeurs. Portrait d’une opticienne désireuse de faire bouger les choses.
Si vous souhaitez opter pour une paire de lunettes plus responsable, vous êtes sans aucun doute confrontée à de nombreuses questions : quel matériau ? Quelle marque ? Quel prix ? Pour nous permettre de trouver plus facilement un modèle en fonction de nos convictions, l’opticienne Carole Riehl a imaginé deux outils. Le premier, Les lunettes écologiques, est un véritable annuaire en ligne permettant de trouver en quelques clics des marques de lunettes et des opticiens engagés. Le deuxième, Optic For Good, est une appellation attribuée aux marques qui possédant de bonnes pratiques.
Les lunettes écologiques, un site pour « éveiller les consciences »
Les lunettes écologiques est avant tout né d’une frustration et d’une triste constatation. En 2014, Carole Riehl recherche pour ses propres besoins une marque de lunettes écologiques sur internet et se rend compte à quel point il est difficile de trouver des informations. Elle décide alors de réunir dans un blog les marques de lunettes ainsi que les opticiens à la démarche éco-responsable pour aider ceux, qui, comme elle, cherchent des solutions et pourraient avoir du mal à les trouver. « En créant Les Lunettes Écologiques, j’ai eu envie de participer au changement des mentalités dans le domaine, d’éveiller les consciences », explique l’opticienne. À travers ce site, elle souhaite rendre l’information plus accessible et mettre en avant des marques éco-responsables parfois peu connues pour encourager leur démarche. Facile d’utilisation, il permet de faire une recherche par matière ou encore par pays de fabrication, pour trouver une liste de toutes les marques correspondant aux critères qui nous semblent les plus pertinents en fonction de nos valeurs. Une carte interactive permet également de localiser les marques et opticiens responsables à côté de chez soi. Alors que les lunettes éthiques souffrent encore de préjugés que ce soit au niveau style ou prix, Carole Riehl cherche aussi à montrer qu’il existe de nombreux modèles désirables qui possèdent un impact moins important sur l’environnement.
Carole Riehl, la technique des petits pas
Les lunettes écologiques est avant tout le résultat d’un long processus professionnel et personnel pour Carole Riehl. Opticienne depuis presque 20 ans, elle connaît bien le métier et ses enjeux. Très sensible à la question environnementale, elle a même fait une pause dans sa carrière, il y a plusieurs années, pour tenter de lancer sa propre marque de vêtements en coton bio issus du commerce équitable. Revenue par la suite à ses premières amours, les lunettes, elle décide en parallèle de faire une transition vers le zéro déchet avec sa famille. Une expérience qu’elle partage sur son blog, GreenerFamily.fr, ouvert en 2016. De cette entrée dans la communauté du zéro-déchet encore peu développée à ce moment-là, Carole Riehl a retenu les bienfaits de la technique des petits pas : « chaque geste était important, on évoluait petit à petit en faisant mieux à chaque fois, sans que personne ne critique si l’on ne faisait pas les choses parfaitement ». Un principe qu’elle applique à sa vision de la lunette : mieux vaut avancer pas à pas que de rejeter les initiatives ayant encore besoin d’être améliorées.
Son site ne référence donc pas uniquement les marques et opticiens irréprochables en tous points, mais il est plutôt là pour mettre en valeur ceux qui ont la volonté d’aller vers un meilleur modèle. L’opticienne souhaite avant tout dresser un panorama de ce qui existe, à chacun ensuite de faire un choix en fonction de ses propres convictions.
« Aujourd’hui je ne cherche plus la lunette écologique parfaite, je cherche une solution globale. L’important est d’avancer même si l’on n’est pas parfait, et de vouloir toujours s’améliorer. Je cherche avant tout à mettre en avant l’évolution de la marque, à savoir quelle personne se trouve derrière et à connaître l’engagement de cette personne. C’est pour ça que je rencontre toujours la marque avant d’en parler. »
Quand on lui pose la question du made in France et du label Origine France Garantie, dont la différence apparaît encore floue pour nombre d’entre nous, Carole Riehl préfère considérer les choses sous un autre angle : « Selon moi, le made in France n’est pas le plus important. Ce qui l’est, c’est de savoir où les marques fabriquent, comment elles fabriquent et de s’assurer des bonnes pratiques mises en place. »
Optic For Good, un nouveau repère pour des lunettes éco-responsables
Pour aller encore plus loin dans sa volonté d’accompagner le consommateur, Carole Riehl a aussi créé Optic For Good, une appellation indépendante attribuée aux marques répondant à certains critères environnementaux et sociétaux à retrouver sur son site Les lunettes écologiques. « Il n’y avait pas de repère en lunetterie et je voulais en créer un », précise-t-elle. « Avec Optic for Good, je veux faire en sorte que la prise de conscience décolle dans notre industrie. J’aimerais poser une base, pour ensuite fédérer une véritable communauté. » Cette appellation a pour double vocation d’aider le consommateur comme les marques : le consommateur à mieux repérer les marques possédant certains engagements, tout en permettant à ces dernières de gagner en visibilité.
Pour obtenir cette appellation, les marques doivent répondre à un audit basé sur 8 critères répondant à des exigences sociétales, entrepreneuriales, techniques et de savoir-faire. Pour pouvoir rester Optic For Good, les marques devront renouveler chaque année la licence.
Si à travers son site Les lunettes écologiques et l’appellation “Optic For Good” Carole Riehl souhaite entraîner une réelle prise de conscience, le changement doit aussi avoir lieu à un autre niveau : « Je pense que la vision de la consommation des lunettes doit changer. La lunette doit être pensée comme un objet durable, il faudrait pour cela revoir certaines choses comme le SAV. La Loi impose pour le moment un SAV de 2 ans, alors qu’il devrait lui aussi durer dans le temps pour ne pas avoir à changer de lunettes dès qu’elles sont abîmées ou qu’on doit changer les verres. » Quoi qu’il en soit, l’opticienne reste optimiste et constate une évolution positive : « Il y a de plus en plus de choix que ce soit au niveau des modèles ou des prix. Même si on ne peut pas passer en dessous d’un certain prix quand il s’agit de lunettes responsables, on peut trouver des modèles pour un peu plus de 100€ ! »
Écrit par Clara Crochemore