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© L'Oeil de l'Odon
Focus
Zoom sur les opticiens engagés : L’Œil de l’Odon, des lunettes éthiques en Normandie
En Normandie, à Aunay-sur-Odon, un magasin d’optique d’un nouveau genre s’apprête à voir le jour : L’Œil de l’Odon. Dans cette boutique, qui mélangera optique éco-responsable et photographie, on pourra trouver des lunettes éthiques et des paires de seconde main. Focus sur Xavier et Laura, les deux créateurs engagés.
EYESEEmag continue son tour de France des opticiens engagés en mettant en avant ceux qui se battent pour que le monde de la lunette devienne plus éthique.
Xavier et Laura ont ainsi décidé d’ouvrir L’Œil de l’Odon, un magasin réunissant leurs deux passions, optique-lunetterie et photographie, tout en respectant leurs propres convictions écologiques.
Opticien de formation, Xavier a travaillé durant 16 ans dans des chaînes nationales et chez des indépendants. Mordu de photo avec Laura, ils ont décidé de se transformer le temps d’une année en photographes itinérants spécialisés dans les photos de famille, de grossesse et de naissance. Le projet de L’Œil de l’Odon est finalement le fruit d’un heureux hasard. En août 2019, Xavier voit dans le journal que le photographe de leur ville cherche un repreneur pour partir à la retraite. L’idée commence à germer, et pendant que le projet prend forme, Xavier forme Laura au métier d’opticienne. L’Œil de l’Odon, situé à Aunay-sur-Odon en Normandie, ouvrira ses portes le 30 juin 2020, et promet de se démarquer par ses engagements.
Moins de neuf, plus de sens : le credo de L’Œil de l’Odon
Le choix de créer un magasin d’optique à la fois écologique et responsable est apparu comme une évidence pour le couple. « C’est tout simplement notre mode de vie depuis plusieurs années », explique Xavier. « A titre personnel, nous n’achetons neuf que lorsque c’est vraiment nécessaire et nous sommes aussi passés au zéro déchet. »
Un principe qu’ils ont suivi pour aménager leur future boutique : « L’ensemble du mobilier de L’Œil de l’Odon a été soit chiné dans des lieux comme La Recyclerie, soit fabriqué par Yoann, créateur d’Adopte Ta Palette, qui récupère le bois de palette pour en faire des meubles ». Le matériel professionnel utilisé pour équiper l’atelier est lui aussi composé d’objets trouvés d’occasion : « Nous utilisons un frontofocomètre¹ datant des années 1973 et la chaufferette qui va avec, ainsi qu’un bac à ultrason acheté chez un bijoutier qui ne s’en servait plus. Quant à la meuleuse, c’est une occasion de chez Eim Optic Service, un acteur normand dans la fourniture de matériel neuf ou d’occasion aux opticiens. » En réhabilitant l’ancien, l’opticien et sa compagne ont aussi envie de montrer la voie : « Nous souhaitons absolument être l’exemple qu’acheter du neuf n’est pas obligatoire. »
Quand l’achat de seconde main n’était pas possible, ils ont décidé de privilégier le savoir-faire local : « Nous avons fait appel à des artisans locaux pour la rénovation de la boutique, la modernisation des plafonds et le changement du sol ainsi que pour l’enseigne extérieure. La moquette sera fabriquée elle aussi en France, dans l’Indre, par une entreprise humaine, verte et à la ligne de conduite créative hors norme. »
Soucieux de leur impact environnemental, Xavier et Laura ont aussi réfléchi à une solution pour limiter le gaspillage de l’eau : « Nous avons décidé d’équiper notre magasin d’un bac à filtration d’eau afin de nettoyer l’eau utilisée pour tailler les verres de lunettes. Au lieu d’utiliser 20 litres d’eau pour tailler un verre, nous en utiliserons 20 pour plusieurs mois ! L’autre avantage, c’est qu’aucun déchet de matière organique ne s’échappera dans les eaux usées. Ce système de filtration d’eau, conçu par Eim Optique Service, a été récompensé par un Silmo d’Or à Paris. »
Cette volonté d’éviter le gaspillage et de valoriser la fabrication locale se retrouve aussi dans les lunettes qu’ils souhaitent vendre dans leur magasin.
Atelier improvisé © L'Oeil de l'Odéon
Frontofocomètre © Oeil de l'Odon
Lunettes reconditionnées © L'Oeil de l'Odon
Donner une seconde vie aux « Lunettes Des Tiroirs »
Les Lunettes Des Tiroirs, c’est le petit nom que Xavier et Laura ont donné à ces lunettes oubliées au fond d’un placard. Vous avez certainement en tête cette paire de lunettes dont vous ne savez pas quoi faire et qui prend tranquillement la poussière…
Les fondateurs de L’Œil de l’Odon veulent justement rendre hommage à ces paires « qui méritent une fin de vie tellement plus belle que d’être abandonnées au fond d’un tiroir ». L’opticien et sa compagne ont décidé de les récolter et de les reconditionner. Ceux qui souhaitent recycler leurs vieilles lunettes pourront les déposer directement à L’Œil de l’Odon ou dans l’un des commerces du coin participant à l’opération. Une fois reconditionnées, ces lunettes de seconde main seront gratuites, seuls les verres seront payants. « Il est pour moi inconcevable que je revende un produit que l’on nous a donné », déclare Xavier. « D’autant que le temps passé à retravailler une monture de seconde main est compris dans le temps passé pour tailler les verres. Donc rien ne change niveau tarif, c’est juste une organisation ! ».
Des montures durables et fabriquées en France
Du côté des montures neuves, Xavier et Laura ont décidé de ne sélectionner que des lunettes de vue et des solaires éthiques fabriquées en France. « L’un des points les plus important de notre démarche, c’est que nous souhaitons lutter contre le travail des enfants. Nous avons donc choisi de travailler uniquement avec des lunetiers basés en France qui fabriquent eux-mêmes leurs montures ou qui les font fabriquer dans l’hexagone, le plus souvent à Oyonnax dans le Jura. » Une exception cependant, les plaques d’acétates utilisées pour certains modèles proviendront d’Italie. Leurs exigences les ont poussés à sélectionner uniquement 6 marques de montures adultes et 2 marques de monture enfants. Ce qui ne devrait pas pour autant frustrer les personnes à la recherche de choix et d’originalité : « Chacune des marques que nous avons choisies possède son identité propre et utilise des matériaux différents : acétate recyclée, acier-inox, métal, bois, bois-minéral… » L’objectif des deux professionnels de l’optique est aussi de proposer des lunettes destinées à traverser le temps : « Les montures que nous vendons neuves sont de belle qualité et durables. Elles pourront être utilisées plusieurs années, puis reconditionnées pour être réutilisées. »
© L'oeil de l'Odon
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Écologiques jusqu’au bout des verres
Saviez-vous que le processus de fabrication des verres de nos lunettes pouvait lui aussi s’avérer particulièrement polluant ? Lors de l’étape qui sert à fixer un verre organique ou minéral, certains fabricants utilisent un métal fusible composé notamment de bismuth, de plomb, d’étain, de cadmium et d’indium. « Tous toxiques ! », précise Xavier. « Malheureusement, les fabricants n’arrivent pas encore à tout recycler et une partie de cet alliage est reversé dans la nature… » Face à ce fléau pour l’environnement, l’opticien et sa compagne ont décidé de trouver une alternative : « Nous avons fait le choix de confier la confection de nos verres à ADN OPTIS La French Lab, le seul verrier à ne plus utiliser de métaux lourds dans le blocage des verres optiques. Ils utilisent à la place un nouveau système ingénieux de ventouse réutilisables. » L’autre avantage, la proximité, puisque ces verres écologiques sont fabriqués à Lisse dans le 91, à 280 km d’Aunay-sur-Odon.
Vers un avenir plus éthique en lunetterie ?
Alors que de nombreuses initiatives green et responsables se développent, on pourrait être tenté d’être très optimiste quant à l’avenir de la lunetterie. L’opticien de L’Œil de l’Odon apporte toutefois une nuance : « Je pense que les petits acteurs tel que les opticiens indépendants vont et sont en train d’aller dans ce sens de réduction des déchets, de trouver des fournisseurs plus responsables. Mais selon moi les grosses centrales d’achats fournissant les grandes chaînes continueront encore longtemps à faire fabriquer à l’autre bout de la planète et donc, resteront acteurs des importations massives de longues distances. » A toutes celles et ceux qui souhaitent acheter des montures plus éco-responsables, Xavier donne ce conseil : « Renseignez-vous le plus possible et n’ayez pas peur des prix. Un client averti comprendra pourquoi il paye sa monture 50€ de plus qu’un produit chinois fabriqué par des enfants… » Pour conclure, Xavier et Laura insistent : « Aidons notre planète en consommant autrement, en consommant durablement. »
Pour en savoir plus : www.loeildelodon.fr
Ecrit par Clara Crochemore