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l.a.Eyeworks : quand les lunettes rencontrent l’activisme

Au cours des quarante dernières années, la marque l.a.Eyeworks s’est forgée une belle réputation grâce à ses lunettes audacieuses, vendues dans le monde entier et dans sa boutique iconique, située sur la célèbre Melrose Avenue à Los Angeles. Dans une conversation exclusive, Gai Gherardi, cofondatrice de la marque, nous dévoile pourquoi chaque visage a besoin d’une belle monture et nous propose d’explorer l’intersection entre la lunetterie et son engagement.
Découvrez comment Gai et Barbara ont révolutionné le concept des tendances lunettes optiques originales.

Lorsque Gai Gherardi et Barbara McReynolds ont créé l.a.Eyeworks en 1979, elles voulaient changer la façon dont les gens percevaient les lunettes. Pour cela, elles ont donné aux porteurs de lunettes le pouvoir d’exprimer leur inventivité, sans penser aux tendances. Aujourd’hui, leurs montures sont primées et reconnues mondialement. Les paires se démarquent par leurs couleurs, leurs formes ainsi que leurs matériaux uniques. Le tout, empreint de l’esprit et du style signature du duo. L’autre point fort des créatrices, c’est leur goût pour la provocation et l’humour. Pour l’exprimer, elles se servent des vitrines de leur magasin situé sur Melrose Avenue. En effet, à côté de leurs lunettes, on peut lire des messages impactants qui répondent aux questions sociétales et politiques du moment.

Votre entreprise est connue depuis plus de quarante ans pour ses lunettes innovantes. Qu’est-ce qui vous a attiré vers la lunetterie ?

Pour moi, c’était le moyen de me connecter, de communiquer avec les gens, de leur donner les moyens d’agir, par le biais de la lunetterie, et de les encourager à adopter une vision plus large. Avec Barbara, nous avons toujours considéré notre travail comme un moyen de rendre service aux autres.

Décrivez l.a. Eyeworks en trois mots.

 Visions non censurées.

Lunettes de vue rectangulaires en acétate avec motif écaille de tortue bleu et points d'ornement sur les coins supérieurs.

© L.A. Eyeworks

Lunettes de vue oversize avec monture dégradée de vert à transparent et forme audacieuse en œil de chat.

© L.A. Eyeworks

Lunettes de soleil carrées avec monture épaisse rouge transparente et verres teintés.

© L.A. Eyeworks

Comment faites-vous, avec Barbara, pour vous répartir les rôles de concepteur et de cheffe d’entreprise ?

Nous avons toujours dirigé la conception et l’orientation créative des collections, ainsi que les projets annexes que nous développons pour les soutenir. Notre autre partenaire fondatrice, Margo Willits, dirige notre programme de ventes internationales et Rob Rich est notre PDG.

Qu’est-ce qui inspire vos créations ?

La plupart du temps, il s’agit d’une convergence d’expériences personnelles. Le moment où l’on découvre que les limules, des créatures des fonds marins, ont le sang bleu, celui où l’on observe les couleurs du glaçage sur les beignets ou quand on regarde la façon dont quelqu’un use la semelle de ses chaussures. Ca peut aussi venir de la vision d’un beau mouvement de danse ainsi que de la sensation que l’on éprouve lorsque que l’on sent une pêche.

À qui pensez-vous lorsque vous créez un modèle ?

Au magnifique éventail de visages que nous croisons tous les jours

Portrait en noir et blanc d'une personne avec un maquillage prononcé, portant des lunettes de vue originales avec la même citation et mention que la première image.

© BURBANK by L.A. Eyeworks

Portrait en noir et blanc d'une personne souriante portant des lunettes de soleil noires avec la citation "A face is like a work of art. It deserves a great frame." et la mention "l.a. Eyeworks".

© SMOKEY by L.A. Eyeworks

Quelles sont les montures dont vous êtes particulièrement fières ?

Il y en a tellement qui me viennent à l’esprit. Nous avons souvent appliqué à nos idées des techniques industrielles nouvelles. Lorsque la gravure numérique au laser a fait son apparition, nous avons créé une paire appelée SMOKEY, sur laquelle nous avons gravé les cartes des quartiers de Los Angeles considérés comme “peu fréquentables”.

Portrait en couleurs d'une personne avec une moustache portant des lunettes de soleil noires, sur un fond multicolore psychédélique avec le texte "l.a. Eyeworks uncensored visions".

© WESTIE by L.A. Eyeworks

Portrait en couleurs d'une personne aux cheveux roux portant des lunettes de vue oranges, sur un fond rouge et multicolore avec le texte "l.a. Eyeworks uncensored visions".

© GIBSON by L.A. Eyeworks

Vous avez souvent cassé les codes du secteur de la lunetterie, quelle est votre monture la plus audacieuse ?

Oui c’est vrai, nous avons souvent bousculé l’ordre établi dans la conception de lunettes. Par exemple, en 1988, nous avons créé un modèle incroyablement minimal et fin, appelé BURBANK. Il comportait des verres plats, avec des angles à 90 degrés, qui étaient suspendus à une monture très fine. C’était une paire difficile à réaliser et très ambitieuse, c’est pourquoi Barbara l’a appelé “le bourdon des lunettes”. En référence à cet animal qui parvient à voler alors qu’il n’est pas censé y arriver. Ce modèle a fait sensation et a été adopté par les opticiens aventureux, les passionnés de design et les amateurs de mode.

Vos vitrines sont devenues une plateforme de partage d’œuvres d’art et de messages provocateurs qui poussent à la réflexion. Comment cela s’est-il produit ?

Dès que nous avons signé le bail de notre magasin de Melrose Avenue, en 1979, nous avons commencé à “parler” à la rue via les slogans de nos vitrines. Nous appelons ce dialogue permanent “le premier fil Twitter”. Les vitrines restent un moyen unique de diffuser nos points de vue dans le monde entier et de transmettre un message aux habitants de Los Angeles. On attire leur regard depuis l’endroit où on les trouve très souvent : leur voiture.

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© L.A. Eyeworks

Décrivez vos vitrines préférées.

“SAFE SPEX” me vient à l’esprit. C’est une de nos installations de vitrines références du début des années 90. Nous avions accroché, derrière les lettres, des montures de lunettes dans des préservatifs. C’était pour commenter le triste avènement de la pandémie de Sida, à une époque où il était tabou de parler de santé sexuelle et de prévention des risques.

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© L.A. Eyeworks

Comment avez-vous utilisé vos vitrines pour attirer l’attention sur des questions politiques et sociétales ?

Nous avons toujours été fascinées par les choses très massives, c’est pourquoi l’une de nos vitrines présentait d’énormes soutien-gorges, accompagnés du slogan “GET OVER IT (Passe à autre chose, en français) !  Au début des années 2000, lorsque des scandales d’investissements massifs ont éclaté, nous avons créé une installation qui présentait deux paires de slips. Dans l’une des fenêtres, on observait une version géante avec le texte “CREATIVE ACCOUNTING” (comptabilité créative) et dans l’autre, une toute petite paire, avec les mots “FULL DISCLOSURE” (révélation complète).

Vous avez mis en avant beaucoup de slogans dans vos vitrines, quels sont vos préférés ?

Parfois, les vitrines sont des réponses à des questions sociales et politiques et parfois, il s’agit simplement d’un jeu de mots très drôle ou imaginatif, comme “I SLAY A LITTLE PAIR FOR YOU”(Je suis canon dans ma petite paire pour toi), “INDIE VISIBLE”, “WEAR THEM OUT” (Use-les)  et “LOOKS EXPANSIVE” (Ca a l’air chaleureux)

Propos recueillis par Kate Matthams