Les meilleurs conseils d’expertes pour chiner des lunettes d’exception
Convictions écologiques, volonté de se démarquer ou envie d’investir dans une pièce durable, multiples sont les motivations de se tourner vers la seconde main. Un marché qui, depuis des années, reprend de l’ampleur et bouscule les codes de la consommation mode. Ce retour en force se caractérise par un choix pléthorique de produits, dont les lunettes, face auquel il est parfois difficile de s’y retrouver, sans se tromper. Comment sélectionner et se procurer des paires de lunettes de belles factures ? Pour vous, trois spécialistes nous livrent tous leurs secrets pour chiner des lunettes d’exception.
Elles sont trois : Alice Violier fondatrice de Seconde Vue, boutique d’optique en vogue qui propose des modèles vintages aux accents luxe. Mathilde, créatrice d’Ochka Shades, un compte Instagram et un concept qui offrent une nouvelle vie à des solaires rétros. Claire, chineuse professionnelle qui propose de nombreuses pépites à travers son compte Instagram La Sheitanerie Frip & Broc et sa boutique itinérante éponyme. Trois femmes et un point commun : un œil aiguisé, capable de repérer le potentiel mode d’un produit et de dénicher la pièce qui fait rêver. Et voici leurs précieuses astuces pour trouver des lunettes anciennes stylées.
Lunettes d’époque, des atouts indéniables
L’attrait pour la seconde main provient, dans un premier temps, de l’incroyable condition des produits. En effet, ces derniers bénéficient d’un savoir-faire historique et d’une qualité supérieure, en perdition depuis l’essor de la fast-fashion. L’achat d’une paire ancienne est donc un solide investissement, mais aussi un pied de nez à cette ère de l’ultra-consommation. « Les pièces du passé, déjà produites, n’ont rien à envier aux nouvelles montures. Elles sont d’exception, pour la plupart, leur style est indémodable, leurs matériaux sont précieux et elles sont fabriquées dans des usines souvent locales », déclare Alice Violier.
Même son de cloche pour Mathilde qui ajoute, « les matériaux sont plus solides. Il y a aussi des nuanciers de couleurs qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. Puis, il y a le travail de la forme. Je trouve qu’avant les lignes étaient plus variées et travaillées. »
Enfin, pour Claire, le dernier avantage est que « les modèles d’époque sont très originaux. Certains redeviennent tendances en ce moment et sont, de nouveau, fabriqués, sauf que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous… »
Les éléments à repérer
Avant de se lancer dans une chasse au trésor, il est important de se concentrer sur les éléments qui prouvent qu’on a entre les mains une potentielle pièce de qualité. « Dans un premier temps, il faut regarder la charnière, si elle est déjà oxydée ou dévissée, c’est mauvais signe… Il faut aussi se concentrer sur l’intérieur des branches, car on y retrouve de nombreuses indications comme la marque, le numéro de série ou la taille. Ça permet de savoir si c’est un objet authentique ou contrefait. Enfin, il y a le pays de fabrication. Il est préférable de se tourner vers des lieux avec un vrai savoir-faire comme l’Italie, la France ou encore le Japon. » explique la jeune biarrote derrière Ochka Shades.
Elle précise qu’il faut « surtout se concentrer sur l’état de la monture, car les verres, eux, peuvent être changés. » En effet, la plupart des revendeurs professionnels proposent des montures restaurées avec des verres adaptés à tous. Mais lorsque que l’on fait son shopping en solitaire, il est nécessaire de savoir à quel type de verre on a affaire. S’ils sont correcteurs, un budget supplémentaire est à prévoir afin de faire le changement chez un opticien. « On peut aussi s’amuser, en transformant des paires de vue en solaire (ou vice-versa), c’est une bonne raison d’avoir envie de chiner des lunettes », s’enthousiasme Claire.
Les marques intemporelles
Pour mieux cibler sa recherche, en fonction de ses envies, il faut sélectionner et garder en tête différentes options comme la forme désirée, la couleur ou encore le créateur. Au fil des années, certains se sont démarqués en proposant des montures à la qualité constante et au style intemporel.
Si vous ne savez pas vers lequel vous tourner, Mathilde conseille « Sonia Rykiel et Nina Ricci, car à l’époque beaucoup de stylistes avaient leur propre marque de solaires. Je suis fan aussi d’Alain Mikli, un désigner culte. Là, c’est l’assurance d’avoir une vraie belle référence. » Claire préconise de se tourner vers « les lunettes de luxe avec des griffes comme Gucci, Chanel ou Chloé. Puis, si on tombe sur des Ray-Ban, comme les Aviator, il ne faut pas hésiter, car c’est un incontournable à posséder. » Pour Alice Violier, « tout va dépendre du style recherché. Pour les montures des années 60/70, Pierre Cardin ou Pierre Marly sont des références. Si on aime le style des années 80, on peut foncer sur les paires Colani. Des montures sublimes, travaillées et toujours très actuelles. Enfin, si on aime les montures plus étroites, on peut se tourner vers les modèles Mugler. »
Les lieux incontournables
L’avantage avec la seconde main, c’est qu’elle est accessible partout. De la petite brocante de quartier à la boutique de dépôt-vente en passant par les réseaux sociaux. L’entrepreneuse Alice Violier explique « qu’il n’y a pas de règle et c’est ça qui rend la quête de ces pépites unique ! Pour le magasin, nous avons racheté des pièces chez des opticiens qui sont installés depuis des dizaines d’années. Puis, certaines montures viennent de chez des particuliers, d’autres des brocanteurs. »
Pas de limite aussi pour Claire qui rajoute « moi, j’ai plusieurs petits lieux secrets. Je me rends dans les boutiques associatives ou solidaires comme Emmaüs, les recycleries, les marchés aux puces ou je regarde en ligne sur leboncoin ou Vinted. Il faut juste taper le bon mot-clef et tenter sa chance. » Avis partagé par Mathilde, la chineuse 2.0. Pour elle, c’est évidemment sur le web que tout peut se jouer, car il y a beaucoup de produits à dénicher.
Enfin, pour ceux qui n’ont pas l’âme d’un explorateur, les expertes conseillent de se tourner vers les professionnels du secteur. Pour cela, vous pouvez consulter les sélections des revendeurs sur leurs réseaux sociaux ainsi que sur des sites dédiés, comme l’Imparfaite, ou vous pouvez vous rendre dans des boutiques comme Seconde Vue. « Chiner les paires soi-même a parfois des limites, notamment avec la remise en état des montures, car elles demandent souvent d’être restaurées et authentifiées. Nous, on passe du temps avec chaque client, on essaie de comprendre ses besoins en posant plusieurs questions, on essaie et on prend aussi le temps de raconter l’histoire derrière chaque modèle. » Plus d’excuses pour ne pas craquer sur la beauté et l’authenticité des trésors du passé.
Écrit par Charlotte Médot