Monet, Degas, Van Gogh : ces peintres qui avaient de gros problèmes de vue !
Ces peintres ont marqué l’Histoire de l’art, mais certains de leurs chefs-d’œuvre renferment un fait étonnant. Monet, Degas ou encore Van Gogh n’y voyaient pas très clair et souffraient de problèmes de vue. Loin de les freiner, ces handicaps ont même nourri leur art.
Peindre lorsqu’on n’y voit pas très bien peut relever d’une prouesse. Ces artistes l’ont pourtant fait, en produisant quelques chefs-d’œuvre au passage ! Refusant de délaisser leur passion malgré leurs problèmes de vue, ils ont même décidé d’en nourrir leur art, transformant ce handicap en véritable force artistique. Si l’on pourra bientôt porter des lunettes permettant d’écouter de la musique sans avoir à mettre d’écouteurs, on ne peut qu’admirer la force mentale de ces artistes, à des époques où la médecine n’était pas encore au point à ce niveau.
Dans l’œil de Monet… et de sa cataracte
Durant de nombreuses années, le célèbre impressionniste ne jure que par le bleu et les teintes froides. Pourtant, vers la fin de sa vie, ses toiles se colorent de rouges et de jaunes, à l’opposé de ses habitudes. Loin d’être un changement de style, il s’agit en fait d’un changement de perception. Claude Monet apprend en effet en 1912 qu’il est atteint de la cataracte, une maladie de l’œil qui aurait bel et bien apporté sa petite touche ici et là. La cataracte, en accentuant l’apport de lumière, diminue la capacité à voir le bleu et le violet et augmente la perception des couleurs chaudes. Le peintre distinguait aussi moins bien les détails, ce qui impactait la finesse de ses traits. « Ma mauvaise vue signifie que je vois tout comme au travers d’un brouillard », écrira-t-il. « C’est tout de même très beau, et c’est ce que j’aimerais pouvoir représenter. » Un brin têtu, il continue donc à peindre, refusant de se faire opérer. Il faut dire qu’à cette époque, ce type d’opération pouvait rendre définitivement aveugle… Pour mieux comprendre à quel point ce trouble de la vision a modifié son œuvre, on peut observer deux peintures :
– Le Bassin aux nymphéas, en 1899, peint sans présence de la cataracte (ci-contre)
– Le pont japonais, en 1922, peint avec cataracte (ci-dessous)
N’arrivant même plus à distinguer la couleur de certains tubes, il était obligé de s’en remettre à sa mémoire et de se fier à l’ordre précis dans lequel il avait l’habitude de les ranger. Quasiment aveugle en 1923, il plie sous la pression de son ami Georges Clemenceau et accepte de se faire opérer, mais uniquement de l’œil droit.
Ces problèmes de vue qui ont tout changé
Degas n’y voyait presque plus rien
Celui qui sublimait les danseuses comme personne a dû faire évoluer son œuvre en fonction de sa vue. Souffrant d’une maladie oculaire grave, Edgar Degas perd la vue progressivement à partir de 1870. Hors de question pour lui de ralentir le rythme. Il décide de se mettre à la sculpture et au pastel et délaisse le travail de l’huile, trop minutieux avec sa vision diminuée. Son art se transforme, mais le génie reste.
Van Gogh aurait vu jaune
Le peintre, connu pour ses troubles mentaux, était loin de voir la vie en rose… Pour cause, il la voyait même sans doute en jaune. Il aurait souffert de xanthopsie, qui, en langage moins barbare correspond à un trouble de la vision faisant ressortir les couleurs jaunes. A l’origine de ce mal, on peut trouver une consommation un peu excessive d’absinthe ou un abus de digitaline, un médicament qui lui aurait été prescrit par son médecin pour traiter ses crises de démence.
Le strabisme de Léonard de Vinci et de Rembrandt
Si personne n’a encore réussi à percer le secret du regard rieur de La Joconde, celui de son créateur aurait quant à lui été révélé au grand jour… Léonard de Vinci, tout comme Rembrandt, aurait eu un strabisme, qui expliquerait en partie son talent* ! Ce trouble de la perception permet en effet de mieux représenter les visages et les objets en trois dimensions, ainsi que la profondeur des paysages.
*Selon une étude menée par Christopher Tyler, chercheur à la University de Londres, publiée le 18 octobre dans la revue Jama Ophtalmology.
Écrit par Clara Crochemore