Faut-il réhabiliter les lunettes « Made In China » ?
Longtemps synonyme de fabrication « bas de gamme », le made in China reprend depuis quelques années ses lettres de noblesse. Entre matériaux de qualité et high tech, la Chine semble avoir une carte à jouer pour concurrencer le fameux « made in France ».
Alors que le Nouvel An Chinois est fêté ce 12 février, ne serait-il pas temps de reconsidérer le « made in China » et de le requalifier en « made by China » ? Quand on pense au « made in China », on pense généralement d’abord aux gadgets à prix cassés fabriqués dans des matériaux cheap. Concernant les lunettes, ça signifie des montures à moins de 10 euros qu’on peut trouver sur le site Aliexpress. Ni très chic (souvent des copies de grandes marques peu réussies), ni de bonne qualité (elles ne tiendront pas longtemps), elle ne valent pas l’investissement. Pourtant, les lunetiers asiatiques font de plus en plus dans le haut de gamme. Il y a notamment la marque coréenne Genlte Monster qui mèle originalité et technologie ou encore les paires très mode de Muzik, label coréen qui fabrique ses lunettes en France. Sans compter celles pleines de personnalités imaginées au Japon comme celles de Yuichi Toyama.
Deuxième exportateur du luxe
La Chine de son côté, est d’abord vue comme exportatrice. Mais il ne faut pas mésestimer la qualité des producteurs locaux. La Chine est le deuxième exportateur mondial de lunettes haut de gamme après l’Italie. Le géant du luxe Kering Eyewear fait notamment appel à des fournisseurs en Italie, au Japon et dans les mêmes pourcentages, en France (5 %) et en Chine (5 %). Tandis que Luxottica produit 15 % de ses lunettes en Chine. L’entreprise s’est même implanté encore plus dans la contrée chinoise en achetant une chaîne de magasins d’optique et en ouvrant à Pékin un point de vente de LensCrafters, sa filiale de distribution. La plupart des montures et des verres sont conçus à Dongguan dans la province de Guangdong. Alors que beaucoup défendent encore le made in France bec et ongles, certains créateurs de renom reconnaissent également la qualité chinoise. Alain Mikli a fait partie de ceux-là, il a sous-traité en Chine mais aussi au Japon tout en fabricant également en France. Alain Afflelou a avoué aussi prendre en compte la dimension financière sur une émission diffusée par I-Télé, Les Clés de l’Eco: « Une lunette fabriquée en France revient quatre fois plus cher que le même produit fabriqué en Asie (…). On peut toujours dire que l’on va fabriquer en France, mais on ne vendra pas. » Son point de vue ? Pour que les Français consomment et que les entreprises nationales soient rentables, il faut miser en partie sur la force de production Chine.
L’avénement du « made by China »
Mais la véritable nouvelle donne, c’est l’appariton de marques chinoises au design de qualité comme Prosun Eyewear et son esthétique urbaine, Molsion ou Loho Eyewear. Parmi ces griffes dont les montures n’ont rien à envier aux Européennes, l’une des plus remarquables est sans doute Bolon, filiale du groupe Essilor. La marque utilise des matériaux synonymes de luxe comme de l’acétate premium d’origine italienne ou un acier inoxydable découpé avec délicatesse au laser pour des lunettes de caractère pensées en Italie et fabriquées à Singapour. Ses égéries aussi sont haut de gamme. Se sont succédé dans des campagnes d’affichage léchées de Bolon Sophie Marceau, Anne Hathaway et la mannequin Hailey Baldwin mariée récemment à Justin Bieber et icône des millennials tendance. A quand une marque made by China aussi bankable que Dior ou Saint Laurent ?
Écrit par Violaine Schutz