Spectacles 3 de Snapchat

De l’application Snapchat aux lunettes Spectacles

Avril 2011, Evan Spiegel, alors étudiant de 21 ans en dernière année, présente à Stanford son projet de fin d’étude : une application mobile où des amis pourraient partager des photos qui disparaitraient définitivement en l’espace de quelques secondes. L’idée est qualifiée « d’épouvantable » par les gens présents se souvient Spiegel, car selon eux « personne n’utiliserait une telle application » excepté ceux qui souhaiteraient « faire du sexting  ».

Malgré ses premiers retours peu encourageants, l’application Snapchat créée par Evan Spiegel et Bobby Murphy est d’abord lancée sur l’Apple Store en septembre 2011 puis sur Google Play Store en novembre 2012. Un an après, les deux anciens étudiants de Stanford refusent tour à tour l’offre d’achat d’un montant de 3 milliards faite par Mark Zuckerberg puis celle de 4 milliards proposée par Google… Actuellement, Snapchat recense près de 200 millions d’utilisateurs actifs dans le monde et reste au coude à coude avec Instagram pour s’ériger à la première place des réseaux sociaux les plus utilisés par les 16-25 ans en France et parvient même à capter 86% des jeunes de 16-18 ans !

Snap Inc. l’entreprise qui fut créée au lancement de Snapchat et qui possède également les applications Bitmoji et Zenly amorce en 2016 un virage vers le hardware à l’instar d’Instagram en 2012 avec son appareil photo Socialmatic ou Facebook avec son casque de réalité virtuelle Oculus Rift. Pour Snap Inc. il s’agira de lunettes dénommées « Spectacles », des lunettes de soleil connectées aux verres arrondis commercialisées à 145 euros qu’Evan Spiegel présente comme des lunettes conçues pour « s’amuser à un barbecue ou pendant un concert ».

Equipées d’une caméra que l’on actionne en appuyant sur un bouton placé sur une branche, les Spectacles permettent d’enregistrer des vidéos de 10 secondes maximum pour les partager directement ou les stocker sur Snapchat. Un voyant led s’allume sur le devant de la monture pour indiquer aux personnes se trouvant dans le champ de vision que le porteur est en train d’enregistrer. L’objectif grand angle de la caméra filme à 115 degrés afin de recréer un champ de vision plus « spectaculaire » qu’une caméra de téléphone portable classique. Les vidéos obtenues suivent l’inclinaison du téléphone et créent ainsi un effet 360 degrés.

La progressive montée en gamme des Spectacles

Malgré le succès très mitigé du premier modèle (environ 150000 paires vendues et surtout des centaines de milliers d’invendues) l’entreprise californienne persévère en proposant les Spectacles V2 en 2018. Le nouveau modèle ne révolutionne pas le concept proposé par la V1 mais apporte tout de même son lot de changements. Le design a été retravaillé. L’emplacement réservé aux composants électroniques est beaucoup moins imposant (environ 30% plus petit) donc plus discret et permet d’alléger et d’affiner l’ensemble. Les couleurs proposées sont plus sobres (le rose bonbon laisse place au rouge rubis, exit le bleu turquoise flashy) et un modèle rectangulaire noir plus classique fait également son apparition.

A côté de quelques bugs techniques corrigés, deux autres changements bienvenus voient le jour corrigeant deux défauts majeurs du premier modèle. Tout d’abord l’ajout de l’étanchéité qui autorise l’utilisation des lunettes en toute circonstance puis une vitesse de connexion améliorée permettant de transférer ses vidéos plus rapidement et qui rend l’expérience utilisateur plus fluide.

Encore une fois avec sa V2, les Spectacles ne connaissent pas le succès commercial escompté et se vendent même moins bien que leur première itération. Ce bilan ne décourage cependant pas la firme de Los Angeles qui a annoncé en août dernier l’arrivée d’une troisième mouture disponible à la fin de l’année et qui se veut être, par rapport aux précédentes versions, une réelle montée en gamme, aussi bien au niveau des technologies embarquées, que des matériaux choisis, du design et du prix. Disponibles en précommande, le prix de ces V3 est plus que doublé passant de 175 euros pour les V2 à 370 euros.

Concernant le design, les Spectacles abandonnent le plastique des précédentes versions pour proposer une monture en aluminium graphique avec des embouts en acétate ajustables, conférant à l’ensemble un aspect bien plus « premium ». Deux coloris seulement sont disponibles pour le moment : un noir dit « carbon » et une couleur rose pâle dorée dénommée « mineral ». Si certains regretteront l’abandon de l’étanchéité, le grand apport technologique est à chercher du côté de la capture des vidéos et des photos. Les caméras HD sont désormais au nombre de deux et sont capables de capturer la profondeur de champ afin de filmer en 3 dimensions. Les films peuvent être transformés en y ajoutant des effets 3D spécialement prévus par l’application Snapchat à la manière de leurs célèbres filtres.

Grande nouveauté également : les vidéos et les photos au format circulaire peuvent être stockées dans les 4 Go de la mémoire interne des lunettes ce qui assure une capacité de stockage d’une centaine de vidéos et permet de s’affranchir au moins momentanément de son smartphone. La prise de son elle aussi est améliorée par la présence de 4 microphones disséminés dans le haut de la monture. Il est à noter enfin que ces Spectacles V3 s’affranchissent de son environnement logiciel jusque-là fermé. Ainsi Snap Inc. renonce finalement à l’idée de pouvoir utiliser ses lunettes exclusivement avec son application phare en permettant de convertir ses « snaps » en GIF ou en vidéos pour les partager ensuite sur la messagerie ou le réseau social de son choix.

Écrit par Thomas Bernard