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Les lunettes autofocales Laclarée

A l’heure actuelle, les solutions proposées aux presbytes ne sont pas exemptes de défauts et les lunettes autofocales semblent être l’alternative la plus prometteuse dans un futur proche. Si de nombreuses recherches à travers le monde sont en cours pour développer de tels modèles, leur date de mise sur le marché demeure pour la plupart très incertaine. A contrario, l’entreprise française Laclarée fondée par le physicien Bruno Berge prévoit de mettre sur le marché, dès 2022, son modèle de lunettes autofocales qui s’ajusteront automatiquement, en silence et en une fraction de seconde, à votre correction, en fonction de ce que vous regardez. Focus sur cette technologie et son prolifique inventeur.

Logo Laclaré en petit

Bruno Berge : de l’invention de la lentille liquide aux lunettes autofocales

Après un doctorat en physique obtenu à l’Université de Grenoble à la fin des années 1980, Bruno Berge passe deux années à l’université de Chicago afin de continuer ses recherches. De retour à Grenoble, il entame au CNRS ses recherches sur les interfaces liquides et plus précisément sur le comportement des liquides ne pouvant pas se mélanger. En parallèle, il se fascine pour l’électromouillage, un sujet développé par Gabriel Lippman, physicien franco-luxembourgeois lauréat du prix Nobel de Physique en 1908 pour son invention de la photo couleur. Pour le dire simplement, l’électromouillage est un phénomène physique se concentrant sur les modifications de formes et de propriétés provoquées par des décharges électriques appliquées sur un liquide reposant sur une surface conductrice.

La fascination de Bruno Berge pour ce phénomène le mènera par la suite à développer un prototype de lentille liquide dont la focale varie en fonction de l’intensité électrique appliquée. Les résultats spectaculaires de son prototype le pousseront à créer en 2002 la société Varioptic, qui propose une alternative révolutionnaire aux lentilles traditionnelles : très peu énergivores, les lentilles liquides présentent des performances comparables aux lentilles classiques tout en étant jusqu’à 85% plus petites et 50 fois plus endurantes car dépourvues d’éléments mécaniques! Adoptée par de nombreuses caméras industrielles, scanneurs, lecteurs d’identités et autres appareils médicaux, cette technologie a sans aucun doute un avenir radieux dans un monde où la miniaturisation des objets mobiles ou non devient un enjeu technologique de premier plan.

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© Laclarée

The Laclarée eyeglasses

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Des lunettes autofocales prévues pour 2022

Doté de l’expertise acquise avec l’invention et le développement des lentilles optiques et sa société Varioptic, Bruno Berge fonde à Lyon en 2016 la start-up Laclarée et se donne pour objectif de concevoir des lunettes autofocales en partant du constat que « 10% de la population ne s’habitue pas à la solution des verres progressifs ». Pouvant s’adapter à tous les verres correcteurs, son invention repose principalement sur une technologie protégée par deux brevets.

Comment fonctionnent ces lunettes ? Tout d’abord, un capteur laser LIDAR (Light Detection And Ranging, le même laser utilisé pour la cartographie 3D ou encore dans les voitures autonomes) est logé dans le pont de la monture au niveau du nez et évalue précisément la distance de l’objet regardé. Une fois la distance calculée, la correction s’ajuste grâce à un système à faible courant électrique placé dans les branches et qui joue sur la tension électrique pour envoyer ou retirer les deux fluides dissimulés dans le système et dotés d’indices de réfraction différents. Ces fluides sont séparés par une fine membrane déformable et transparente intégrée entre 2 verres organiques classiques. La quantité de fluide ajoutée de part et d’autre de la membrane induit donc une déformation géométrique qui est chargée de changer la courbure de la lentille et ainsi permettre d’ajuster la focale pour obtenir une vision nette pour le porteur quelle que soit la distance à laquelle est placé l’objet regardé. Elaboré avec le concours de l’Institut des Nanotechnologies de Lyon, aucun élément mécanique n’est ici nécessaire au fonctionnement d’un tel système : pas de pompe ni de moteur, donc pas de bruit ni d’usure prématurée et un poids supplémentaire plus que contenu (entre 1 et 3 grammes).

Lunettes Laclaré

© Laclarée

Logo Laclaré

© Laclarée

Oeil regardant devant

© Laclarée

Pour le moment, le temps de réponse du prototype élaboré par Laclarée est d’environ 2 secondes, temps que Bruno Berge compte bien « réduire à une seule pour se rapprocher de la réaction naturelle de l’œil pré-presbyte ». Autre défi à relever avant une mise sur le marché et qui nécessitera une levée de fonds très prochainement : la miniaturisation car tout comme l’équipe de chercheurs de Stanford qui travaillent également sur des lunettes autofocales, le prototype est trop lourd, imposant et peu esthétique pour prétendre devenir des lunettes portables au quotidien. Les étapes suivantes pour la start-up lyonnaise labellisée French Tech Seed seront l’obtention d’un marquage CE, le lancement d’études cliniques puis enfin la possibilité de rendre leurs lunettes autofocales remboursables car « cela permettra aussi de faire faire des économies puisque les ajustements de vision sont faisables dans un sens mais aussi dans l’autre ». Laclarée compte dans un premier temps mettre sur le marché une vingtaine de modèles hommes et femmes dont les prix devraient s’échelonner entre 800 et 1200 euros.

Écrit par Thomas Bernard