Histoire des lunettes
EYESEEmag remonte le temps et vous raconte l’histoire des lunettes à travers les modèles emblématiques de chaque époque.
L’histoire des lunettes : quand commence-t-elle ?
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Tommaso da Modena (1352)
Si les premières recherches sur l’optique et les problématiques de correction visuelle sont survenues dès l’Antiquité, ce n’est qu’au XIIIe siècle que le concept de la lunette voit le jour. Même si plusieurs protagonistes se sont vus attribuer l’invention des lunettes (les italiens Alessandro Spina et Salvatino d’Armato ainsi que l’anglais Roger Bacon), leur origine exacte reste aujourd’hui encore inconnue. Cependant, c’est très certainement dans le milieu monastique que la lunette a fait son apparition.
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Les bésicles
L’histoire des lunettes commence donc au XIIIe siècle avec un modèle connu sous le nom de « bésicles ». Ces lunettes sans branches, tenues à la main ou fixées par le biais de rubans noués derrière la tête s’avèrent particulièrement lourdes et inconfortables. Dans un premier temps, elles ne sont portées que par les érudits (moines, médecins, philosophes…). C’est à partir de 1450, avec l’invention de l’imprimerie que le besoin, et donc la demande, en lunettes s’accroît.
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Les lunettes à tempes
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que les premières branches de lunettes, articulées par une charnière, font leur apparition. Les lunettes à tempes permettent alors de libérer les mains du porteur tout en soulageant son nez. Leur appellation provient du fait que les branches s’arrêtaient au niveau des tempes, certainement pour faciliter le port des perruques. Parce qu’elles pouvaient exercer une forte pression sur les tempes, les branches pouvaient être recouvertes de velours pour améliorer le confort du porteur.
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Les lorgnettes
Au XVIIIe siècle, la lunette prend de nouvelles formes et devient, sous l’influence des mondains, un véritable accessoire de mode. « On a des verres dans sa canne, dans son chapeau, enchâssés dans un éventail, attachés à une bague, suspendus à un collier, voire même dissimulés dans sa tabatière » raconte le Docteur Pansier dans son ouvrage « Histoire des Lunettes », paru en 1901. À cette époque, les lorgnettes, généralement composées de matériaux nobles, sont le nec plus ultra de l’élégance. Cette longue-vue miniature permet à son utilisateur de se faire remarquer, plus qu’à corriger ses troubles de vue.
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Les binocles
Avec la Révolution française, la jeunesse dorée, opposée au régime des Jacobins, met à l’honneur une mode où l’extravagance est de mise. C’est à ce moment-là que les binocles font un (bref) passage dans l’histoire des lunettes. Sans branches, les binocles se tiennent à la main et peuvent se porter en bijou par le biais d’une chaîne. Là encore, le rôle de parure prime sur la correction visuelle et la mode des binocles ne dure qu’une dizaine d’années. Malgré cela, le terme « binocle » s’est ancré dans le langage puisque ce mot est encore employé aujourd’hui pour désigner les lunettes.
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Le face-à-main
Même si les lunettes à branches, confortables et efficaces, ont déjà fait leurs preuves, c’est toujours l’esthétisme qui prime au XIXe siècle. À cette époque, le face-à-main connaît un grand succès auprès de la bourgeoisie. Ces deux verres joints et tenus par un manche sont d’abord réservés aux hommes avant d’être utilisés par les femmes. Plus que des lunettes, le face-à-main est un véritable bijou conçu à partir de matières précieuses (or, pierres serties, nacre, ivoire…) en fonction des demandes de la clientèle.
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Le pince-nez
Le XIXe siècle est marqué par des avancées techniques et les débuts de l’industrie lunetière. En France, c’est à Morez, dans le Jura, qu’elle se développe le plus. C’est alors que le pince-nez fait son apparition. Comme son nom l’indique, il est pincé sur le nez et tient ainsi par le biais d’un ressort qui permet d’unir les deux verres. Même si elle permet de libérer les mains du porteur, ce type de prothèse visuelle s’avère particulièrement inconfortable. En plus de gêner la respiration et de transformer la voix, le pince-nez suit les mouvements des ailes du nez et manque de stabilité.
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Les lunettes-fils
Dans la seconde partie du XIXe siècle, une autre spécialité morézienne se développe : les lunettes-fils, aussi appelées, lunettes-cheveux. Sur ces lunettes particulièrement fines, les verres sont encerclés par du fil de fer. Ce type de monture nécessite alors une grande précision et les fabricants moréziens font, là encore, preuve d’un savoir-faire remarquable en la matière. On peut trouver encore aujourd’hui certains fabricants qui s’inspirent de ce type de lunettes-fils notamment au niveau des branches.
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Le lancetier
Entre 1900 et 1925 s’est développé un modèle très particulier de l’histoire des lunettes : le lancetier. Ces lunettes, montées sur un manche, ont la particularité de s’ouvrir grâce à un bouton-poussoir. Outre ce mécanisme particulièrement sophistiqué, le lancetier se révèle être un modèle de lunettes très élaboré au niveau des finitions. Il ne faut pas le confondre avec le face-à-main qui lui ne s’ouvre pas. On remarquera que ce sont avant tout des accessoires élégants que les hommes de l’époque portaient à la main.
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La lunette en plastique
Au XXe siècle, l’arrivée des matières plastiques permet aux fabricants de débrider leur créativité. Après quelques déboires avec le nitrate de cellulose, matériau plastique particulièrement inflammable, c’est l’acétate de cellulose qui s’est imposé à partir des années 30. Pour les lunetiers, l’acétate offre encore de nos jours de nombreuses possibilités, tant en termes de couleurs, de formes que d’utilisation.
Toutes les pièces présentées sont exposées dans la collection permanente du Musée de la Lunette – www.musee-lunette.fr
Écrit par Marina Travert