Sabine Be, l’histoire qui l’a poussée à poursuivre son rêve de design
Sabine Vagner, opticienne basée à Orléans depuis plus de 30 ans, lance sa propre marque de lunettes, Sabine Be. Retour sur le parcours de cette créatrice pleine de mérite.
“J’aurai toujours voulu être styliste”
En mars 2014, Sabine Vagner, opticienne basée à Orléans depuis plus de 30 ans, lance sa propre marque de lunettes, Sabine Be. Malgré un démarrage compliqué en France, le succès est retentissant, outre Atlantique. Aujourd’hui, sa griffe compte pas moins de 900 points de vente dans le monde, ayant écoulé des millions de paires. Mais avant d’arriver à son heure de gloire, le chemin a été long et semé d’embuches… Retour sur le parcours de cette créatrice pleine de mérite.
Née dans une famille de pharmaciens-opticiens, Sabine Vagner, 55 ans aujourd’hui, raconte à quel point elle a « toujours voulu être styliste ». Désirant aller au bout de ses envies, la créatrice tente alors le concours d’entrée d’une école de stylisme à Tours, dont les résultats ne lui parviendront jamais. Le secret éclate 5 années plus tard, cet été-là, son grand-père était chargé de relever le courrier et avait dissimulé sa lettre d’admission sur la demande de son fils. Alors à la tête d’une entreprise de surfaçage, celui-ci voyait d’un très mauvais œil le choix de carrière de sa fille. La jeune femme a donc fait une école d’optique, avant de prendre les rênes de la boutique d’optique familiale à Orléans, travaillant aux côtés de sa mère, durant plus de 25 ans.
C’est à l’aube de la cinquantaine, alors qu’elle vient de perdre sa mère, que l’appel du design la reprend. Elle a une prise de conscience. « J’ai envie de faire ce que j’ai toujours eu envie de faire… Mais je suis un peu vieille pour lancer ma marque de lunettes, non ? », demande-t-elle à son fils, alors étudiant en école de commerce. À sa grande surprise, le jeune homme lui rétorque « Non, tu as raison. Les plus grandes réussites se font à ton âge alors fonce ! » Sa propre mère n’était pas opposée à son rêve de design, elle y voit donc un signe. C’est le début de l’aventure Sabine Be.
En 2012, Sabine connaît son premier coup dur. Elle se rend au Salon de l’Optique dès le premier jour, son projet sous le bras, afin de trouver un fabricant français à qui confier ses dessins. « Tous les fabricants m’ont ri au nez », se souvient-elle. Cependant, le lendemain, l’un d’eux la rappelle à sa boutique. « Il s’agissait de quatre jeunes qui avaient racheté une usine à Oyonnax. » Sabine et son mari sautent dans un train pour Paris le samedi matin et on leur propose un rabais s’ils décident de payer comptant. Elle règle à l’avance l’intégralité de la production mais la tâche s’annonce trop difficile pour la petite entreprise car aucune marque n’apparait sur les branches, c’est une petite spatule rouge et ronde à droite qui signe chaque modèle, un signe distinctif particulièrement délicat à réaliser. Les prototypes reçus par le couple sont très loin de leurs attentes. Quelques jours plus tard, l’entreprise d’Oyonnax dépose le bilan. « Mon rêve de 30 ans s’est écroulé » raconte Sabine, encore très affectée. Fallait-il tout arrêter ? Grâce à l’aide de sa banquière et des agents commerciaux avec qui elle est en affaires pour son commerce, elle trouve un nouveau fabricant.
Sabine B. Concept
Finalement, en novembre 2013, les 6 prototypes de sa première collection sont prêts. Alors que le marché français n’est pas tout à fait réceptif, la designer les glisse dans sa valise et décide d’aller rendre visite à son fils, finissant ses études à Los Angeles. Avec son mari, ils font du porte-à-porte chez leurs collègues américains et essuient plusieurs refus. Tous lui disaient d’aller voir une certaine Julia Gogosha, qui « fait la pluie et le beau temps à Los Angeles ». Dans sa boutique, Julia Gogosha est débordée, mais, apercevant les lunettes oranges qui pendaient autour du cou de Sabine, elle fait de la place sur son comptoir pour observer les prototypes. Banco, l’opticienne lui rempli son premier bon de commande. Sur les conseils de Julia, elle part ensuite voir l’opticien Artsee à Miami Beach et à New York, qui sort sans hésiter son carnet de commande. Sabine est aux anges, « J’avais 3 très beaux points de vente au États-Unis, alors que je n’avais encore rien lancé en France ! Ça a donné un élan incroyable à ma marque. »
Ainsi, après Los Angeles, Miami et New York, son quatrième point de vente voit le jour à Chartres, le 4 mars 2014. Avec un an de retard, elle lance enfin la griffe Sabine Be. (en hommage à son nom de jeune fille, Begault) avec pour mot d’ordre l’originalité. Au-delà des lunettes, c’est tout un univers qu’elle imagine et conçoit : étuis, chaînettes, présentoirs et autres bracelets…
Friande de création, Sabine compte bien boucler la boucle en lançant prochainement Sabine Be Concept, un site proposant des objets déco pour la table, des meubles… Celle qui a toujours voulu être styliste était bien loin d’imaginer le succès qu’elle rencontrerait en poursuivant son rêve.
Écrit par Lauren Walker