Tout savoir sur l’ophtalmie des neiges
Gants, grosses chaussettes, polaires, bonnet, écharpe et même crème solaire, tout est dans votre valise sauf vos lunettes de soleil. Pourtant sans ces lunettes vous exposerez vos yeux au soleil en skiant et même lorsque vous pensez être à l’abri des UV entre deux activités sportives. Le soir venu, misère !… Vous avez l’impression d’avoir du sable dans les yeux et une douleur insupportable vous envahit. Vous faites douloureusement connaissance avec l’ophtalmie des neiges…
On pense davantage à prendre nos lunettes de soleil quand on part en vacances l’été, et pourtant l’astre de jour est encore plus fourbe en hiver. Pourquoi ? Parce que la réverbération du soleil est très importante sur la neige et sur la glace. Vous aviez, certes, pensé à apporter de la crème solaire pour protéger votre visage des brûlures du soleil mais vous n’aviez peut-être pas soupçonné le fait que vos yeux pouvaient, eux-aussi, être victime de coups de soleil. L’ophtalmie des neiges est une kératite due à une surexposition aux UV. On vous rassure cette inflammation est dans la grande majorité des cas bénigne, se soigne en quelques jours, ne laisse pas de sequelles, même si elle est très douloureuse. Toutefois dans des cas très rares si l’exposition a été très longue, sans protection, et surtout en très haute altitude des complications plus graves peuvent survenir (photo-traumatisme) pouvant entrainer des lesions rétiniennes parfois définitives.
Qu’est-ce que l’ophtalmie des neiges ?
Comme son nom l’indique, l’ophtalmie est une affection inflammatoire de l’Œil et le complément « des neiges » en sous-entend la cause. Cette irritation est, en effet, provoquée par une trop forte exposition de vos yeux aux rayons ultraviolets lors, entre autres, de la pratique de sports de neige en haute montagne. Mais attention à ne pas vous faire berner, les effets du soleil sont tout aussi dangereux si vous êtes à une terrasse en train de boire un chocolat chaud ou si le ciel étant nuageux vous décidez de skier sans lunettes. Les UV sont dangereux à la fois par l’exposition directe au soleil mais aussi, on l’oublie, par leur réflexion sur la neige ou la glace. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avance, à titre de comparaison, que « la neige peut réfléchir jusqu’à 80 % du rayonnement UV, une plage de sable sec environ 15 % et l’écume des vagues environ 25 %. », à cela s’ajoute qu’à “haute altitude, la couche atmosphérique est plus fine et filtre donc moins les UV. L’intensité de ces derniers augmente de 10 à 12 % tous les 1000 mètres d’altitude.” C’est la raison pour laquelle les alpinistes portent des lunettes “dites de glacier” avec en plus des protections latérales pour protéger les yeux de la réverbération des rayons solaire sur la face arrière des verres .
Suis-je sûr que c’est une photo-kératite ?
Les symptômes surviennent, en général, quelques heures plus tard, après que vous vous soyez exposé au soleil, de manière prolongée et sans protection ou avec une protection insuffisante. Rien ne laissait présager la suite. Vous commencez à avoir des douleurs intenses au niveau de vos yeux qui deviennent rouges. Vous ressentez dans l’Œil une impression de sable, voire de verre pilé.
Plus le temps passe plus la douleur augmente, plus vous avez du mal à supporter la lumière (photophobie). Vos yeux pleurent. Vous sentez un gonflement des paupières et puis vous commencez à voir de moins en moins bien. Devant ce tableau avec une telle douleur, il est difficile de ne pas être pris de panique. Quelques gestes sont primordiaux afin d’éviter d’aggraver la situation. Si vous portez des lentilles souples retirez-les mais uniquement après avoir largement arrosé vos yeux avec du serum physiologique. Evitez de vous frotter les yeux ! Restez dans l’obscurité. Enfin, direction l’ophtalmo sans plus attendre pour soigner ce “coup de soleil oculaire”. Pour la suite surtout procurez-vous une paire de lunettes de soleil avec une catégorie de protection adaptée aux sports d’hiver si vous souhaitez retourner sur les pistes quelques jours plus tard une fois guéri.
Mieux vaut prévenir que guérir
Pour ceux qui ont l’intention d’aller au ski et souhaiteraient éviter de telles souffrances, assurez-vous d’avoir acheté une paire de solaires bien adaptée aux fortes luminosités de la montagne. Les lunettes de soleil que vous avez l’habitude de porter en été n’ont peut-être pas une catégorie de protection suffisante. En effet, pour assurer la protection de vos yeux, il faut que vos lunettes ou votre masque de ski, soient au moins dotés de verres de catégorie 3. Plus vous monterez en altitude, plus la catégorie doit être élevée jusqu’à atteindre le niveau maximal, à savoir, la catégorie 4 qui vous assurera une protection totale en haute montagne où vous risquez d’être exposé à de très fortes luminosités. Les verres de cette catégorie 4 ne laissant pénétrer que de 3 à 8% de la lumière, ce qui est très peu, fait que ce type de lunettes n’est réservé qu’à des activités en condition de forte exposition. Ces lunettes de soleil de type catégorie 4 sont donc strictement interdites pour la conduite automobile compte tenu du risque pour votre sécurité, celle de vos passagers et des autres usagers.
Écrit par Kahina Boudjidj