Les lunettes cultes du hip hop
Quand on pense à un genre musical lié à l’histoire des lunettes, on pense d’abord au rock. Pourtant le hip hop a aussi donné lieu à des moments importants en terme de style et de montures. Retour sur des modèles iconiques qui influencent encore la mode actuelle.
On se souvient du bandana de 2Pac, des pantalons en cuir d’Aaliyah, des survêtements de RUM DMC ou encore des mini short en jean de Beyoncé. Mais ce n’étaient pas les seules pièces iconiques du hip hop et du r’n’b des années 90. Cette esthétique forte influence encore la musique et la mode d’aujourd’hui. Depuis plusieurs années, le rap a dépassé le rock en haut des charts, ce qui a donné lieu à l’avènement d’une culture plus décontractée, faite de joggings à bandes, de blousons universitaires, de bobs et de sneakers.
Des signes de richesse extérieure
Parmi les artistes phares du mouvement, il y a d’abord eu Grandmaster Flash. A la fin des années 70, à New York, dans le quartier du Bronx, le DJ enchaîne les morceaux avec une classe folle au sein des « block parties ».
Avec ses baskets,ses blousons imprimés, ses bijoux et ses casquettes, Grandmaster Flash a non seulement perfectionné le scratch mais c’est va imposer un style. Et faire le lien entre le fait de bien s’habiller et l’envie de montrer au monde entier qu’on est sorti des « mauvais » quartiers. A partir des années 80 et surtout dans les années 90, les rappeurs vont vouloir s’affirmer avec de grosses chaînes en or, des diamants et des vêtements et accessoires de marques assez coûteuses pour montrer leur nouveau statut social.
Les lunettes font partie de ces accessoires clinquants qui vont faire leur style, copié par leurs fans au delà des frontières du Queens ou du Bronx. Plus elles sont XXL, bling et chères, plus les montures et les verres teintés donneront l’impression que l’artiste « pèse » dans le rap game. Pour le rap US, arborer une monture d’une grande maison française par exemple symbolisait le comble du luxe. Les MC’S apprécient notamment les Christina Dior vintage à montures dorées.
Et le rappeur Vanilla Ice portait en soirée comme sur la pochette de son best of des Jean Paul Gaultier à gros logo (de la référence 56-8272).
Des modèles cultes
Originaires du Queens, le groupe RUN DMC est l’un de ceux qui a le plus marqué les esprits en matière de lunetterie. Leurs binocles aux montures très larges noires et or ont été copiées à l’infini. Les originales sont signées par Cari Zalloni pour la marque autrichienne Cazal et ont été imaginées au début des années 80. D’autres lunettes de la marque ont été immortalisées par MC Hammer. En 1985 il y a même un groupe nommé Cazal Boys qui sort un single intitulé « Snatching Cazals » tellement le modèle onéreux (déjà à l’époque) est devenu culte.
Dans les années 90, Jay Z porte des Cazal dès qu’il s’exhibe à un événement important, augmentant encore le côté branché de ces montures oversize qui ne passent pas inaperçues. Dans la vidéo du tube « Upgrade U » (en 2006) de Jay-Z et Beyoncé, le couple porte tous les deux les Cazal 907. L’interprète d’«Empire State Of Mind » affectionne aussi d’autres montures bling comme les Alpina M1 à strass (comme Snoop Dogg et Stevie Wonder) de fabrication allemande ou les imposantes Dunhill 6089. Pous se procurer des Cazal vintage et des Alpina sur le net, il faut compter entre 200 et 700 euros selon les coloris et les matériaux. Aujourd’hui encore, les stars du hip hop et du r’n’b se font remarquer pour leurs lunettes extravagantes. Il y a Rihanna et ses montures Fenty ou encore J-Lo et ses Quay Australia (dont elle est l’égérie). Ce sont ces artistes qui décident aussi en grande partie des tendances. En 2018, Kanye West envoyait ainsi un email à Kim Kardashian en lui disant : « Tu ne peux plus porter de grosses lunettes. La mode ce sont les lunettes minuscules. » Et en 2019, ce sont en effet les mini montures de Bella Hadid et de Kendall Jenner qui en ont mis plein la vue. De quoi 2020 sera-t’il fait ? Il suffit peut-être d’ouvrir nos oreilles.
Écrit par Violaine Schutz