Culture lunettes

Comment Rembrandt avait inventé la 3D (bien) avant les lunettes 3D

Bien avant les lunettes 3D, Rembrandt savait donner du relief à ses œuvres pour créer une illusion de trois dimensions. Comment est-ce possible ? EYESEEmag vous en dit plus.

rembrandt-3D-le-syndic-de-la-guilde-des-drapiers-banniere-2

© Le Syndic de la guilde des drapiers (1662)

La perspective

Alors que nous sommes face à une image en deux dimensions, comment peut-on percevoir la profondeur sur ce tableau de Rembrandt ? D’abord, nous pouvons compter sur l’effet de perspective. Cette technique picturale est en effet destinée à représenter les trois dimensions (la largeur, la hauteur et la profondeur) pour créer cette illusion de relief. Le volume des objets, la superposition des plans (plus ou moins éloignés) et le jeu des ombres permettent de représenter l’image telle que l’artiste pouvait la percevoir.

La technique de l’impasto

Le terme italien « impasto » (empâtement, en français) désigne une technique picturale qui fait référence à l’utilisation d’une peinture non diluée et appliquée en épaisseur sur la toile. Ces couches de matières permettent ainsi de produire un relief réel, d’accentuer l’impression de trois dimensions et d’accrocher la lumière. Si Rembrandt peut être considéré comme l’un des initiateurs de cette technique, c’est Van Gogh qui est devenu la référence en la matière… deux siècles plus tard.

Bathsheba with David’s letter, by Rembrandt

© Bethsabée au bain tenant la lettre de David (1654)

Le secret de sa technique percée par les scientifiques

Début 2019, des chercheurs français et néerlandais ont annoncé que le peintre avait un autre secret pour parvenir à cet effet de 3D. Après étude de plusieurs œuvres, dont celle du Portrait de Maerten Soolsmans, la présence de plumbonacrite (un ingrédient à base de plomb) a été découverte sur certaines parties de ses œuvres. Les résultats de cette recherche montrent que la présence de cet ingrédient n’est pas accidentelle et que l’artiste réalisait donc des mélanges spécifiques pour donner du relief à ses toiles.

 

La théorie de « l’œil paresseux » de Rembrandt

Au cours de sa vie, Rembrandt a réalisé près d’une centaine d’autoportraits (des selfies avant l’heure, l’artiste était décidément en avance sur son temps !). Après étude de ces œuvres, la neurobiologiste Margaret Livingstone a conclu que Rembrandt avait certainement un léger strabisme au niveau de l’œil gauche. En quoi cette information nous aide à percer le mystère de la 3D de Rembrandt ? Selon cette experte en perception visuelle, cet « œil paresseux » permettait à l’artiste de mieux reproduire le relief dans ses œuvres.

The next rembrandt

© Maerten Soolmans (1634) portrait

Rembrandt auto portrait 1659

© Self-portrait with beret (1659)

portrait de maerten soolmans 1634

© The Next Rembrandt

Une peinture « à la manière de » Rembrandt réalisée par l’I.A.

347 ans après la mort de l’artiste, l’intelligence artificielle a permis de créer « The Next Rembrandt », un tableau reproduisant le style et les techniques du peintre. Pour parvenir à ce résultat, plus de 3000 œuvres de Rembrandt ont été étudiées, notamment grâce à des scanners 3D de grande précision. Le tableau a ensuite été conçu à l’aide d’une imprimante 3D pour reproduire les effets de texture propres à l’artiste. On ne sait pas si l’algorithme a dépassé le maître, mais ce qu’on peut dire, c’est que la boucle est bouclée.

Un Rembrandt créé par l'intelligence artificielle...

the-next-rembrandt-fond

Écrit par Marina Travert