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Portrait de Caroline Abram

De père ophtalmologue et mère opticienne, Caroline Abram est née et a grandi dans la lunette. Un univers qu’elle a fait sien petit à petit, mais avec une grande dose de feeling, de talent et de travail. Pour EYESEEMAG, celle qui « n’aime pas parler que de lunettes », lève le voile sur son parcours, ses inspirations et ses défis tant professionnels que personnels.

 

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Vous avez grandi dans l’univers de l’optique. Vous sentiez-vous prédestinée ?

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Pas du tout. Ce que j’adorais c’était dessiner. Je n’avais pas de passion particulière pour l’optique à la base, mais ma mère voulait que j’aie un diplôme. J’étais très bonne en maths, en physique, en dessin technique et je me suis dit, qu’une fois que c’est fait, je passerai à autre chose, mais au moins j’aurais un bagage. Ensuite, je me suis un peu « laissée faire » et j’ai commencé à travailler dans sa boutique tout en fréquentant des ateliers de céramique le soir. Mais à l’époque, j’avais 20 ans et je savais la disponibilité que demandait ce métier et je n’étais pas sûre d’avoir envie de ça, toute ma vie en tout cas.

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A quel moment vous êtes-vous sentie attirée par la création ?

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J’avais besoin de créer quelque chose. Et tout s’est fait complètement par hasard. Il y a plein de jeunes qui m’écrivent, mais je n’ai aucun conseil à leur donner. Pendant 15 ans j’ai cru que ça s’arrêterait du jour au lendemain, que je faisais une collection parce que c’était sympa, parce que ça plaisait aux gens, mais que c’était un peu pour jouer, un peu pour rigoler. Au fil du temps, je me suis rendu compte que j’avais un truc que je ne peux pas expliquer. J’aime le dessin, j’aime la peinture, j’aime les couleurs, donc c’était assez naturel pour moi de faire ça je pense.

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Quel a été l’élément déclencheur pour passer à l’acte ?

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C’était l’amour. A 18 ans, j’ai passé un an chez mon père au Sénégal où je suis tombée amoureuse d’un garçon. Alors comment faire pour ne pas être trop bloquée à Paris ? Quel stratagème inventer ? A l’époque au Sénégal il y avait de très beaux magasins de perles faites à la main : des perles en argent, de Mauritanie, en bois. Et je me suis dit qu’avec ces petites matières sympas, je pourrais faire des chaînettes pour le magasin. Et j’ai commencé à la plage en allant voir mon petit ami. Pendant qu’il travaillait, j’enfilais des perles et je faisais des chaînettes. Et quand je rentrais à Paris, je les mettais en expo dans le magasin.

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© Caroline Abram

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Et pour les lunettes ?

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J’ai rencontré le papa de mes enfants, un opticien italien, que les chaînettes ne passionnaient pas trop. Il a semé cette graine dans ma tête. A la base je voulais ajouter dans ma collection des lunettes prêtes à lire pour accrocher mes chaînes dessus. Comme les chaînettes c’était hyper girly, je n’en avais sorti qu’une collection pour aller avec des modèles papillon. Je savais qu’il y avait un marché pour ça. Mais en réalité, je pensais que c’étaient des lunettes pour dames. J’avais très vite compris que la ligne qu’il devait y avoir au niveau du sourcil peut complètement remonter les traits du visage.  Et je me suis dit que j’allais créer des lunettes pour avoir un peu l’effet lifting, quelque chose de gai et féminin. Je me suis rendu compte que même les jeunes les portaient et que j’avais touché un truc du doigt.

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Est-ce que c’était important pour vous de vous adresser aux femmes en particulier ?

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Oui, parce que c’est mon univers. Parce que d’abord, je trouvais que souvent elles portaient des lunettes un peu tristes. Je voulais qu’une femme puisse être jolie sans être excentrique, sans être drôle, juste comme elle mettrait du blush ou du eyeliner.

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© Lunettes Blush Dzing / Caroline Abram

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© Blush Aube / Caroline Abram

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Quel est le type de femme qui porte des lunettes Caroline Abram ?

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Toutes les femmes. Dès qu’une femme a envie de jouer un peu avec ses personnalités, son look ou juste avec sa féminité, ce qui n’empêche pas d’être féministe, elle peut porter des lunettes Caroline Abram. Je travaille beaucoup sur la structure. En général, ce sont des lunettes assez fines, pas invisibles, mais qui doivent s’adapter aux visages. Il faut qu’elles s’intègrent et que les femmes se sentent plus jolies, sans savoir pourquoi. Exactement comme avec du maquillage. Je n’aime pas le maquillage à outrance et c’est exactement la même chose pour les lunettes. La lunette doit se faire oublier pour laisser voir la personne. Et ça c’est vraiment sur quoi je travaille.

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Qu’est-ce qui vous inspire pour ça ?

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Pour un speech en Australie, j’avais développé le sujet du premier rendez-vous. Donc, vous faites du sport, vous mettez les plus belle robe, vous faites attention au sac et aux chaussures. Et là vous vous asseyez à table et le mec la seule chose qu’il va voir pendant tout le repas ce sont vos lunettes. J’ai fait rire tout le monde, mais c’est tellement vrai. Moi, c’est ça qui m’a inspirée. A chaque fois qu’une femme se regardait avec une de mes paires de lunettes et que je voyais qu’elle se trouvait belle, je me disais voilà, c’est ça mon métier en fait. C’est ça que je veux faire.

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Quel est votre prochain challenge ?

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Je sais que la croissance tout ça, ça excite tout le monde. Moi je n’ai pas de prochaine étape, moi je suis très bien. Pendant des années j’étais sortie de ma zone de confort parce que j’apprenais un métier. C’était un pas après l’autre. Mon seul challenge, c’est de continuer à faire des choses qui plaisent. J’ai une responsabilité envers tous les gens qui gravitent autour de la marque et qui ont besoin de vivre grâce à elle. J’aime garder le côté humain, le côté familial. Pas aller loin, loin, loin…

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© Tête à Lunettes / Caroline Abram

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Elle est comment Caroline Abram tous les jours ?

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Je me suis remise à lire. Ça me fait un bien fou. J’adore Romain Gary. Je suis extrêmement cinéphile. J’aime beaucoup la philosophie et la psychologie donc j’écoute pas mal de podcasts. J’ai besoin d’apprendre, tout m’intéresse. Les vies des artistes ou les vies des grands personnages, c’est aussi des choses d’inspiration pour ma vie personnelle, pas pour les lunettes. Pour moi la vie est tellement riche que les lunettes c’est un truc que j’adore, mais ce n’est pas ma philosophie de vie et je n’y mets pas mon âme. J’ai une famille très éclatée et très éclectique, par leurs origines, par leur mélanges et je pense que l’intérêt pour les autres je l’ai grâce à ça. Ce que j’essaie d’inculquer à mes enfants, et pour moi c’est très important, c’est que la terre est ronde et qu’on doit tous être sur la terre ensemble. Si vous me demandez ce qui me meut dans la vie, c’est plus le vivre ensemble : admettre, accepter, apprendre des autres et les aimer pour ce qu’ils sont.