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« Façonner des lunettes a plus à voir avec le design qu’avec la mode »

Alors que son modèle Chupa vient de remporter un prix au SILMO, le Salon international des Professionnels de l’Optique et de la Lunetterie, on a rencontré la créatrice Nathalie Blanc. Cette ancienne opticienne façonne des montures “haute couture” made in France qui séduit à la fois les célébrités et le grand public.

 

Comment avez-vous commencé à concevoir des lunettes ?

Je ne trouvais pas mon bonheur dans les modèles existants quand j’étais adolescente. Les lunettes ressemblaient plus à des prothèses inélégantes qu’à autre chose. Du coup, ça m’a toujours titillé de créer mes propres modèles.
Ensuite, j’ai eu des boutiques comme opticienne. J’ai créé pour mes boutiques puis pour les autres (Michel Klein, Swildens, ndr) avant d’avoir assez confiance pour lancer mes propres collections.

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© Modèle Chupa par Nathalie Blanc Lunettes - Silmo d'or 2020

Quel est l’ADN de votre marque, Nathalie Blanc Paris, lancée en 2015 ?

Ma force, c’est de faire des lunettes de créateur mais simples, avec des lignes parfaites. Ce qu’il y a de plus dur c’est de créer des choses simples, bien plus que des modèles alambiqués, extravagants !
Je ne veux pas que mes lunettes soient trop tendance, je préfère qu’elles ne se démodent pas. On peut faire du classique « mode ». Il y a aussi un amour du chic à la française, de la Parisienne.

Sinon j’adore l’acétate (notamment du Japon) et le métal.

Vous créez des paires de lunettes Haute Couture : qu’est-ce-que cela signifie ?

C’est un savoir-faire. Comme chez Chanel, la Haute Couture c’est faire appel à de nombreux artisans. Nous aussi, on fait appel aux artisans qui détiennent des savoir-faire particuliers. Nos couleurs sont faites à la seringue par une personne et chaque étape prend du temps. C’est un gage de qualité.

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© Lunettes Monsieur Blanc par Nathalie Blanc

Vous créez des lunettes pour homme, femme et adolescents. Quelle différence dans le design ?

Le plus difficile c’est d’imaginer des lunettes pour hommes, c’est pour ça que je l’ai fait en dernier. Rares sont les hommes qui aiment la fantaisie. Donc on doit savoir dessiner des lignes parfaitement équilibrées qui dessinent le visage, sans en faire trop. Les contraintes techniques sont encore plus fortes car la lunette doit passer facilement tout en étant quand même un peu branchée.

Collection Monsieur Blanc par Nathalie Blanc

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Quelles sont vos plus grandes inspirations ? J’ai lu que vous aimiez les brocantes ainsi que les films de Renoir, Capra, Lubitsch.

L’architecture, le design, ce qui passe le temps avec des courbes pures comme les meubles de chez Knoll. Pour les couleurs, je m’appuie beaucoup sur les Pantone de l’année en déco. Je trouve que façonner des lunettes a plus à voir avec le design qu’avec la mode.

Vous avez imaginé des paires de lunettes pour Rouje, la marque de Jeanne Damas. Quel est votre rapport aux influenceurs et aux réseaux sociaux ?

J’ai deux filles de 16 et 13 ans et donc je suis beaucoup sur les réseaux sociaux. Je m’entoure aussi beaucoup de jeunes gens très connectés. Pendant le confinement, on a notamment publié un manifeste sur le savoir-faire français qui a été bien accueilli. On a aussi mis en avant les opticiens et les usines. Aujourd’hui, une marque se fait connaître par le bouche à oreille, par les people qui les portent mais surtout, par les réseaux.

Vous créez des lunettes « made in France », est-ce que vous développez également une démarche solidaire ?

Oui de plus en plus. On fait notamment des montures en algue marine. On utilise aussi l’impression 3D qui induit moins de perte de matière. Après quelques ajustements, la 3D est enfin au point. Elle ne casse plus.

Écrit par Violaine Schutz